P. Maroun Tarabay – Carême 2022
Depuis le lundi 28 février dit « des Cendres », l’Eglise maronite entre dans le temps du Carême. Ces fameux 40 jours de marche vers les fêtes de Pâques. Une période assez longue, comme le furent les quarante années du peuple de Dieu dans le désert de Sinaï ou encore les quarante jours de tentation au désert pour Jésus.
Le Carême est un temps privilégié qui nous conduit au cœur de notre foi : à Vendredi Saint où Jésus vit l’extrême de son amour et qui nous rejoint dans tout ce que nous traversons de lourd et de douloureux. Et au matin de Pâques où la vie vaincra la souffrance et la mort. Le Seigneur est vraiment ressuscité.
En ce temps , où nous cohabitons avec une épidémie mortelle et mondiale, le Carême nous aide à transformer notre peur et notre repli en une ouverture vers l’essentiel, vers Dieu, vers cet amour qui nous porte. C’est un temps privilégié pour nous tourner vers les autres et en particulier vers ceux qui souffrent. C’est en donnant que nous recevons, c’est en partageant que le véritable bonheur nous rejoint. Choisir cette voie suppose des renoncements, comme lors d’une marche dans le désert où tout ce qui alourdit empêche dangereusement la progression. Renoncer signifie que nous faisons des tris dans nos désirs et nos choix. Nous mettre à l’écoute de notre propre cœur, c’est le tourner vers les autres et vers Dieu. Même si des fois nous avons de la peine à croire et à espérer, c’est déjà cheminer avec le Christ. En ce sens, le Carême n’est jamais terminé. Car il nous faut toujours reprendre le chemin. Autrement dit, vivre l’Evangile avec simplicité et profondeur.
Le pape François, a diffusé un message pour le Carême 2014, dont nous pourrions largement nous inspirer aujourd’hui. Il y rappelle « le style de Dieu », un « Dieu qui ne se révèle pas par les moyens de la puissance et de la richesse du monde, mais par ceux de la faiblesse et de la pauvreté. », citant l’apôtre Paul « vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. » (2 Co 8,9).
A nous de devenir disposés et prêts « à témoigner du message évangélique à tous ceux qui sont dans la misère matérielle, morale et spirituelle ; message qui se résume dans l’annonce de l’amour du Père miséricordieux. Soyons prêts à rejoindre toute personne, dans le Christ. Nous ne pourrons le faire que dans la mesure où nous serons conformés au Christ. Le Carême est un temps propice pour se dépouiller, et il serait bon de nous demander de quoi nous pouvons nous priver, afin d’aider et d’enrichir les autres avec notre pauvreté… »
Il est bon de nous laisser interroger et bousculer par cette exhortation du pape François, qui ouvre un chemin de lumière pour le Carême, une lumière qui ne peut grandir que lorsqu’elle est partagée.
Oui, le Carême est pour nous un temps privilégié. Osons-nous y lancer avec amour.